Reconnaissable entre mille, la seule ombre de cette coiffe est légendaire. Loin devant la couronne de laurier, l’aigle de drapeau ou la redingote grise, le bicorne est l’incarnation même du mythe napoléonien. La silhouette de l’empereur à lui seul. Reconnaissable entre mille, la seule ombre de cette coiffe est légendaire. Loin devant la couronne de laurier, l’aigle de drapeau ou la redingote grise, le bicorne est l’incarnation même du mythe napoléonien. La silhouette de l’empereur à lui seul. LE BICORNE

De Poupard à Partson, une histoire de haute-façon

Reconnaissable entre mille, la seule ombre de cette coiffe est légendaire. Loin devant la couronne de laurier, l’aigle de drapeau ou la redingote grise, le bicorne est l’incarnation même du mythe napoléonien. La silhouette de l’empereur à lui seul.

Depuis 25 ans, la Chapellerie du Loir réalise le couvre-chef impérial dans les plus strictes règles de l’art manufacturier. Commandé par l’École polytechnique pour ses brillants étudiants. Des arcades du Palais royal à une chapellerie de Flée, voici l’odyssée bicentenaire du longtemps nommé « Chapeau Français ».

Au commencement était un disque de feutre sobrement mis en forme. Ses bords roulés et durcis à la vapeur le firent tricorne. Coiffe iconique - élégante mais peu pratique - du XVIIIème siècle, elle devait disparaitre progressivement. On la réduisit peu à peu, jusqu’à arriver, à l’aube de la Révolution, au bicorne porté en « colonne » ou en « en bataille ».

Il fit fureur ! Tant dans le civil que dans les rangs de la jeune armée républicaine. Et bien que largement adopté par les marines et armées étrangères, sa nationalité d’origine n’a jamais fait de doute ; l’ordonnance de 1822 qui remis en vigueur l’uniforme à l’École y convoquait alors le « chapeau français ».
Qu’il soit général, premier consul ou empereur des Français, même tarif : sous les arcades du « Palais Égalité* », la Maison Poupard (« Le temple du goût ») affichait l’impérial bicorne en poil de castor à 48 francs. Même à raison d’un par semaine - l’empereur en commandera plus de 160 entre 1810 et 1812… C’est toujours moins cher qu’une couronne ! Napoléon économe ? Peut-être ; Fidèle ? Assurément. Il le conservera jusqu’à la fin, enchainé sur une île au bout du monde, forgeant sa légende.

Le bicorne est mort, vive le bicorne ! Généralisé au XIXe siècle aux ingénieurs des Mines, aux ambassadeurs, aux académiciens, aux huissiers, préfets, aux commissaires et aux écoliers, il a largement survécu à son plus illustre porteur. Manufacture acquise par le Groupe Partson en mars 2020, la Chapellerie du Loir poursuit la confection du fameux couvre-chef.

Plus encore que la transmission d’un savoir-faire rare et élaboré, c’est un morceau de notre histoire que la chapellerie ligérienne entretient avec passion et précision. Le bicorne incarne à lui seul un pan entier de notre patrimoine. Chaque pièce lui rend hommage et célèbre, au-delà d’une certaine idée de la grandeur, la beauté du geste.






* Appellation révolutionnaire du Palais-Royal. Après la chute de la royauté en août 1792, le duc d’Orléans prend le nom d’Égalité et rebaptise par la même occasion sa résidence. Cette ferveur républicaine (et régicide) née on ne sait d’où - mais tombée à pic – ne le sauvera pas. Le 2 avril 1793, le duc est arrêté dans ses appartements avec son plus jeune fils ; il finit guillotiné en novembre de la même année.

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